Jacques Lacan, Ecrits.

Remarques sur les textes des écrits de Lacan. 

 

 

Du sujet enfin en question 1966 :

 

Lacan parle de la fin de la d’une psychanalyse et emploie le terme de sujet pour cela mais il semble qu’il n’emploie pas ce mot dans l’acception du RPH – Ecole de psychanalyse. Lacan parle d’incertitude qui demeure « sur la fin même de l’analyse »[1]. Nous pouvons voir qu’il y a un questionnement sur le parcours d’une psychanalyse et justement certainement la sortie d’une cure. J’ai l’impression qu’à nouveau cette curiosité sur une cure elle-même, que l’on retrouve me semble-t-il avec la passe, est présente. « Tant qu’une trace durera de ce que nous avons instauré, il y aura du psychanalyste ».

 

Le travail de Amorim me semble en résonnance de cela. D’une part repérer, nommer, identifier les balises pour se repérer dans une cure mais aussi mettre au travail scientifique la question de l’entrée et la sortie d’une cure. D’autre part, former des psychanalystes et en effet plus des analystes. (« pas de réduire à la phase anale »[2] le psychanalyste).

 

Tout cela ne peut passer que par une psychanalyse personnelle et cette question de psychanalyse didactique ou non n’est que de l’intellectualisation car il n’y a qu’une manière de traverser une psychanalyse à savoir entrer et sortir mais l’entrée et la sortie étant à nommer par chacun car le signifiant n’est pas le même. 

 

 

 

  

Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse 1953.

 

 « Personne n’est moins exigent qu’un psychanalyste sur ce qui peut donner son statut à une action qu’il n’est pas loin de considérer lui-même comme magique, faute de savoir où la situer dans une conception de son champ qu’il ne songe guère à accorder à sa pratique »[3]. Lacan donne le ton dès le début.

 

La formation du psychanalyste est de la plus haute importance mais aussi son travail pour ne pas rester dans cette passion qu’est l’ignorance dont l’autre mot pourrait être celui de la méconnaissance et que Lacan articule à une « détérioration du discours analytique »[4]

Aux Etats-Unis, la psychanalyse s’est muée en une technique d’adaptation de l’être dit Lacan est finalement peut-on vraiment alors parler de psychanalyse aux Etats-Unis.

Il y a donc à être attentif à ne pas céder sur les mots et sur leurs sens car sinon nous pourrions tout à fait suivre cette voie et cela est en écho me semble-t-il de ce qui se passe dans le collectif d’écriture d’un manuel mené par Landman et Pommier ou même le mot psychanalyse semble devenir un gros mot. 

 

La frustration : Lacan vient éclairer un point qui éclaire le rapport de nos sociétés de consommation à la frustration, qui ne cesse de se faire entendre.

Viser à renforcer le moi est une méprise thérapeutique car cela renforce l’imaginaire et dans ce champ de l’imaginaire concernant la frustration il s’agit de confondre la frustration d’un désir du sujet avec la frustration de l’objet où son désir est aliéné[5]. Cette aliénation est aliénation au désir de l’Autre. Renforcer le moi ne faisant que renforcer cette aliénation justement. Lacan reprend le stade du miroir et atteindre l’image parfaite du miroir ne serait qu’une adresse au désir de l’Autre, une aliénation encore plus importante et non un accès à la lettre de son désir.

 

Voici la phrase la plus importante cliniquement à mon sens, c’est la plus éclairante sur le positionnement de psychanalyste même si Lacan emploie analyste : « l’art de l’analyste doit être de suspendre les certitudes du sujets jusqu’à ce que s’en consument les derniers mirages. Et c’est dans le discours que doit se scander leur résolution »[6].

 

Dans cet article il y a beaucoup de repère important sur la technique psychanalytique et sur l’éthique même psychanalytique.

Avec cette question de la parole, il ne s’agit pas de réalité mais de vérité. Voici l’effet d’une parole pleine et dans ce champ de la psychanalyse, en effet, nous ne sommes plus dans le champ de la société mais dans le champ du sujet. « Ce que nous apprenons au sujet à reconnaitre comme son inconscient, c’est son histoire »[7].

 

Dans le « rapport dans le sujet de la parole et du langage »[8], Lacan y nomme trois paradoxes : 

Dans la psychose, la parole ne se fait plus reconnaitre, c’est une parole sans parole. Ce qui mène à cette formule de Lacan le sujet est parlé plutôt qu’il ne parle.

Dans les symptômes, l’inhibition et l’angoisse la parole est chassée laissant place au langage. C’est un langage inconscient qui se faire jour et est à déchiffrer.

« Le troisième paradoxe de la relation du langage à la parole est celui du sujet qui perd son sens dans les objectivations du discours ». Est-ce à dire que c’est justement l’aliénation du sujet.

 

Ce que Lacan dit du langage ce n’est pas qu’il est fonction de communication ou discours ou je ne sais quoi mais c’est qu’il évoque. Voici la fonction symbolique du langage, celle d’évoquer.

« Pour libérer la parole du sujet, nous l’introduisons au langage de son désir, c’est-à-dire au langage premier dans lequel, au-delà de ce qu’il nous dit de lui, déjà il nous parle à son insu, et dans les symboles du symptôme tout d’abord »[9]. La parole elle lie le sujet au désir de l’autre car dans la parole ce qui est rechercher c’est la réponse de l’autre. L’aliénation serait donc du champ de la parole.

 

La liberté de l’homme[10], Lacan la noue à la renonciation qu’il impose au désir de l’autre. Le fait de ne plus s’aliéner dans le désir de l’autre mais de reconnaitre son propre désir et de l’assumer ce qui n’est pas si simple à faire… D’autant que Lacan dit que le désir de l’homme trouve son sens dans le désir de l’autre et que cette liberté finalement ne se trouve qu’à la sortie de la psychanalyse.

 

 

 

[1] Page 228.

[2] Pag 233.

[3] Page 238.

[4] Page 243.

[5] Page 248.

[6] Page 249-50.

[7] Page 259.

[8] Page 278.

[9] Page 292.

[10] Page 318.